Bonnes résolutions pour sa vie : et si vous réfléchissiez à la reconversion ?
On était bien, les fêtes de Noël étaient déjà loin, 2020 ressemblait à une autre année, ni pire ni meilleure qu’une autre ; on n’oubliait pas le réchauffement climatique mais on réfléchissait à partir au ski pendant les vacances ; il y avait bien cette histoire de virus quelque part en Chine qui était arrivé en Italie, mais rien de bien méchant, non ? Et puis tout est allé très vite. Tout le monde se souvient du printemps 2020. Le confinement, le départ précipité chez des proches à la campagne ou à la mer pour éviter de déprimer des semaines dans un petit appartement en ville, l’ordinateur qui facilite la continuité du travail à domicile (tout en ankylosant les cervicales), le yoga sur Instagram, les apéros sur Whatsapp… La pandémie a été le révélateur (ou le détonateur, peut-être) d’une tendance de fond dont on entend parler depuis des années et qui nous a soudainement frappé ces deux dernières années : la reconversion professionnelle.
Travailler moins mais mieux, travailler autrement mais avec passion
D’après un baromètre BVA / LHH / Visiplus, si 65% des actifs âgés de 50 à 64 ans n’envisagent pas de se reconvertir, 49% d’actifs de 25 à 34 ans sont concernés par la reconversion professionnelle :
17% des actifs français se sont déjà reconvertis ;
6% sont en train de réaliser leur reconversion ;
12% ont déjà commencé à se renseigner activement pour entamer leur reconversion ;
14% ont au moins envisagé de se reconvertir avant ou suite à la crise sanitaire.
La génération Y, constituée des personnes nées née entre 1980 et 1995 (voire 1999, pour certains) est la première concernée : on estime qu’un trentenaire en 2022 changera de profession sept fois dans sa vie – alors que ses parents ou ses grands-parents gardaient plus ou moins le même métier toute leur vie.
Le chômage partiel, le morcellement des activités économiques et l’instabilité du marché du travail générés par la crise sanitaire ont directement concerné un actif sur deux ; pas forcément pour le pire : que faites-vous quand vous avez du temps, beaucoup de temps sans pouvoir sortir de chez vous ? Vous réfléchissez à votre existence ! Passé le moment « bilan personnel de compétences » (ce que vous voulez et ce que vous pensez valoir), vous avez sûrement vous aussi fait un point sur votre carrière et vos perspectives d’évolution professionnelle.
Certains ont sauté le pas très tôt et d’autres y réfléchissent encore, mais force est de constater que la crise a permis à bon nombre de personne de sauter le pas pour se lancer dans un projet de reconversion.
Le ralentissement partiel ou l’arrêt total de certains secteurs (hôtellerie et restauration) ou la surcharge de certains autres (secteur hospitalier) ont conduit ces actifs à réfléchir à comment changer de métier, mais aussi à devenir indépendant ou créer une entreprise.
La crise a donné du sens à ce que nous disent nos grands-mères depuis toujours : la vie est courte, et il faut se créer ses propres opportunités. La philosophie est simple : changer de carrière pour faire un métier qu’on aime et qui replace le sens du travail au cœur de la démarche – près de 15% des actifs considèrent leur emploi comme un bullshit job, une expression créée par l'anthropologue David Graeber désignant des emplois creux, inutiles ou superficiels.
Pour les aspirants à la reconversion, il s’agit avant tout de changer de secteur d’activité (28%), apprendre un nouveau métier (24%) et devenir indépendant (8%). Il n’est pas étonnant de constater que les démarches de reconversion concernent à la fois un changement de paradigme mais aussi de secteur : qui n’a vu soudainement dans son entourage un cousin ou un ami déclarer « vouloir tout plaquer pour… » élever des chèvres dans le Larzac, devenir ébéniste en Ardèche, s’occuper de ruches dans les Pyrénées ?
Se former et entreprendre
Si les futurs reconvertis s’intéressent tant aux métiers dit « manuels » ou « techniques », c’est d’abord parce qu’il y a une forte demande : il est plus excitant de se former à un métier dont on est certain de vivre ! Au-delà de cet aspect immédiatement financier, il y a toute une dimension personnelle à prendre en compte : faire quelque chose de ses mains, pour le plaisir d’en faire profiter les autres. Ainsi si le travail du bois ou de l’argile semblent retrouver des amateurs, la cuisine et la pâtisserie font eux aussi leur retour dans la « revalorisation » des métiers qu’on n’envisageait pas vraiment, ou qu’on gardait comme un passe-temps créatif au profit de métiers du tertiaire. En France, l'effectif de l'hébergement-restauration est passé de 1 309 000 à 1 072 000 entre février 2020 et février 2021. Si la pandémie a contribué dans le pire des cas à la fermeture de certains établissements ou au mieux, à la réorganisation de leurs équipes – certains palaces parisiens souffrent de pénurie de personnels au point de fermer leurs restaurants ou limiter le nombre de chambres disponibles – elle offre aussi la perspective à des amateurs éclairés de se reconvertir en montant leur propre structure, selon leurs règles et leur désir. Pourquoi pas vous ?
Nos cinq conseils pour sauter le pas
1. Faites un bilan de compétence
Entre votre idée première et le résultat final, mille informations pourront être portées à votre connaissance et faire varier votre projet : faites-vous aider pour affiner votre projet et vos éventuels besoins en formation.
2. Connaissez les dispositifs spéciaux
Il y a pour commencer le CPF de transition professionnelle (l’ancien CIF, Congé individuel de formation), qui permet de s’absenter pour se former tout en continuant de percevoir son salaire ; le congé de reclassement, un dispositif obligatoire pour les entreprises d’au moins 1000 salariés envisageant un licenciement économique ; et bien sûr le congé de mobilité, un dispositif facultatif que l’entreprise n’est pas obligée de proposer. Dernier en date, destiné aux salariés dont le poste est menacé, le dispositif de transition collective (Transco) permet de se reconvertir dans un métier porteur localement afin d’être facilement réembauché. Il est mis en œuvre depuis le 15 janvier 2021 pour répondre à l’urgence de la crise.
3. Testez le métier sous la forme d’un stage ou d’une immersion
Il y a forcément tout un monde entre le métier que vous imaginez et celui que vous découvrirez. Pour autant, le fait d’être novice pourra vous permettre d’insuffler des idées neuves dans certaines pratiques professionnelles qui ne se remettent pas souvent en cause. La fortune sourit aux audacieux, surtout s’ils sont bien préparés !
4. Faites un business plan
Pour vous permettre de réfléchir à votre future offre, de mesurer ce que propose la concurrence et d’évaluer vos besoins matériels tout en évaluant la rentabilité, rien ne vaut un long moment passé avec un ordinateur et une calculatrice avant d’aller toquer chez les banques…
5. Faites-vous accompagner
Certains métiers ne s’inventent pas et vous devrez probablement passer une certification diplômante pour les exercer ; ainsi en cuisine et en pâtisserie, étudier et passer CAP vous permet de vous mettre le pied à l’étrier pour votre future pratique professionnelle. Pouvez-vous travailler une dizaine d’heures debout ? Avez-vous déjà vidé une volaille au petit matin ? Connaissez-vous vingt garnitures à base de pommes de terre ?
Allez, lancez-vous !
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